Mon cœur et mon corps

Toxique, malsaine. Je pense que l’on a les deux mots les plus à la mode pour parler de relation dans notre génération. Ce qui me dérange c’est que je n’ai jamais pu vraiment identifier ce qui faisait qu’une relation soit toxique ou pas. Ce qui faisait que la relation de certaines personnes était toxique, faisait le bonheur de la relation d’autres personnes. J’étais complètement paumé, et avec mon cœur brisé en milles morceaux, je me demandais si je ne m’étais pas embarqué malgré moi dans une relation toxique.

Mon père est quelqu’un de très pudique donc je sais pas s’il nous a passé ses gènes mais mes sœurs et moi sommes tout aussi pudique que lui. Depuis notre puberté, on ne s’est jamais vu nu. Mon père malgré le décès de ma mère nous avait élevé relativement bien. Je dis relativement bien parce qu’à leur yeux, je suis un échec. Je suis pourtant tout aussi pudique qu’eux. Peut-être un peu moins, j’ai fait des choses qu’ils ne font pas mais je ne regrette rien. Ça m’a fait autant de bien que de mal sinon plus.

Je me suis éveillé au sexe à 12 ans. En 2 ans, j’ai lu tout les livres et regarder tous les films que je pouvais trouver sur le sujet. Donc quand j’ai enfin pu passer à l’acte avec une fille de 13 ans, cela c’était relativement bien passé pour notre première fois à tous les deux. J’ai couché avec un max de filles jusqu’à mes 17 ans. Plus j’en trouvais, plus j’en voulais. Il y avait comme un vide en moi que je n’arrivais pas à combler. Tout allait changer lorsqu’un vendredi soir je me rendis à un club très élitiste.

Il y avait un petit groupe de 3 ou 4 jeunes femmes, belles et sexy qui monopolisaient l’attention dans le club. J’étais irrésistiblement attiré par elles. Je me prenais a l’époque pour un homme irrésistible, d’ailleurs je le suis toujours, plus ou moins. J’ai été les draguer et l’une d’elles m’a donné son numéro. On s’est parlé pendant plusieurs jours et j’ai bien entendu voulu la revoir quand elle m’a dit qu’elle était une femme transgenre et une activiste. Je n’y ai rien compris, elle m’a alors expliqué la différence entre sexe et genre, orientation sexuelle et identité de genre. Si les concepts étaient un peu difficile à appréhender au début, j’ai rapidement compris et je me suis définit comme gynesexuel. Nous nous sommes mis en couple et c’était un nouvel univers qui s’ouvrait à moi.

Des fois on ne se rend pas compte que quelque chose nous manque tant que nous ne l’a connaissons pas, tel fut mon cas avec la communauté LGBT. Je suis rapidement passé de gynesexuel à bisexuel. J’ai rompu avec la fille et je couchais avec hommes cisgenre, femmes cisgenre et femmes transgenre indistinctement. Sauf que j’avais de plus en plus de mal à avoir une relation équilibrée avec les femmes cisgenre que j’ai fini par laisser tomber.

Ma vie bascula le jour où mon père eut vent de mes pratiques sexuelles. Il arrêta de payer mes études et ne me donnait qu’a manger et là encore, il fallait que je sois à la maison à temps. Je passais alors beaucoup plus de temps en dehors de la maison. Je n’y allais que rarement et quand j’y allais mon père faisait des remarques qui me blessaient, même si je faisais semblant que cela ne m’atteignait pas. J’habitais pratiquement chez des amis, et quand ils ont déménagé, j’ai déménagé avec eux. Ils sont allés emménager avec un type qui était l’homme par excellence. La maison était plutôt grande, mes amis avaient chacun leurs chambres et le monsieur était dans sa chambre.

Il est quelqu’un de silencieux, de calme. Il parle rarement et ne parle jamais pour rien, il a un bon travail et une belle voiture. Il a fait son coming out et même les gens qui d’habitude sont homophobes le respectent. Les gens ont tendance à ne plus être homophobe dès qu’ils constatent que vous êtes dans une bonne position sociale. En tout cas, il me fascinait. Il était classe et naturel, le genre de personne qui n’a jamais eu à essayer d’être classe, il l’a été toute sa vie. Ses amis étaient comme lui et n’étaient pas exclusivement LGBTI, nous étions ses nouveaux colocataires mais il y avait une différence sociale qui nous obligeait à travailler sur nous même que j’adorais. Il invitait tour à tour l’un de nous à prendre part aux activités qu’il organisait avec ses amis.

Je dois aussi dire qu’il avait un copain qui venait le voir parfois. Son copain était comme lui à quelques différences près. Il était tout aussi classe, plus beau et un peu plus méticuleux. En tout cas, c’était évident que mon colocataire était le dominant de la relation. Ils étaient beaux ensembles, ils se disputaient assez souvent mais il y avait quelque chose de classe même dans la façon dont ils se disputaient. C’était le couple parfait. Jusqu’à ce qu’ils se séparent pour une question de garçon rencontré sur Instagram. Ça se voyait que le monsieur en souffrait mais il disait qu’il ne se remettra pas en couple avec son ex copain s’il n’arrêtait pas de parler au garçon en question.

Nous étions seuls à la maison et il m’invite à prendre un verre dans sa chambre. Après avoir parlé de plusieurs sujets différents, on commença à parler du fait que l’homosexualité n’est pas un choix, qu’il ne peut être acquit. Il m’encouragea à lire Jacques Balthazart, plus précisément la biologie de l’homosexualité. Il m’expliqua que l’homosexualité était du à un pic d’hormone au stade embryonnaire que ni rien ni personne ne pourra changer. Il expliquait avec une aisance qui me fascinait que l’homosexualité était naturel et normal même s’il n’était pas sur du rôle des homosexuels dans l’écosystème.

Je ne sais pas ce qui m’a pris mais je l’embrassa. On se mit à faire l’amour et quand on fut complètement nu il me dit qu’il savait que c’était pas ma première fois avec un homme mais que ça allait être ma première fois dans ce rôle sexuel, que si j’ai mal à un moment donné, il fallait lui dire. Je ne sais pas pourquoi je me disais avant que je ne ferais jamais ça alors que c’était du plaisir à l’état pur, c’est comme ci j’avais pris tout ce qui me rendait sain d’esprit que je le mettais dans un avion et que je le regardais partir. L’orgasme fût violent, différent et imprevisible. Je criai, je pleurai. Je me refugiai dans ma chambre après et me promis de ne plus recommencer.

Le lendemain on était tous au salon, on parlait de tout et de rien. Il est rentré du travail, il est allé se baigner. Après s’être baigner, il revint au salon, me prit par la main et m’entraina avec lui dans la chambre, et je dois dire que ce que je ressentis était plus intense que hier, il me murmurait à l’oreille, me mordait, dès lors j’ai su que j’étais condamné à être son esclave, sa chose. Après la 6eme fois, je pris mon courage et lui demandai s’il ne voulait pas être en couple avec moi parce que je suis fou amoureux de lui. Il me répondit gentiment qu’il m’aimait bien mais qu’il n’a qu’un seul grand amour, en plus que l’écart social entre nous était trop grand et qu’il fallait que je fasse beaucoup d’effort avant qu’il ne puisse seulement envisager de sortir avec moi. Il me dit aussi qu’il aimait coucher avec moi et qu’il ne voulait pas que ça s’arrête.

Mon cœur explosa en milles morceaux, c’était la première fois que mon cœur se brisait mais pas la dernière malheureusement. Je n’ai jamais pu m’arrêter de coucher avec lui, il était tellement attentionné. Il me traitait comme son petit copain, me donnait attention et cadeau. Il me faisait me sentir comme je ne m’étais jamais senti avant. Il m’avait fait faire tout ce que je considérais comme indécent. Mais mon cœur se brisait a chaque fois qu’il me rappelait que je n’étais pas en couple avec lui que l’on ne faisait que coucher ensemble. À chaque fois que, coucher à côté de moi, il admirait les photos de son ex, qu’il relisait leurs conversations avec soit un sourire beat soit un regard perdu, mon cœur se brisait encore. Ce qui fini de m’achever c’est qu’il acheta un cadeau d’une valeur inestimable pour son ex alors qu’il ne lui parlait même pas, on pouvait y lire je t’aime écrit en 100 langues. Je me disais qu’il n’y avait aucun espoir puisqu’il ne se parlait plus du tout. Hélas!

Il m’appela un jour pour me dire qu’il avait deux bonnes nouvelles à m’annoncer. Il me dit avec désinvolture qu’il avait tout arranger avec son ex, ils étaient à nouveau en couple. Il me dit aussi qu’il m’avait trouvé une bourse et que j’allais pouvoir continuer mes études. Pour finir, il me dit que bien entendu on n’allait plus coucher ensemble mais on va rester très bons amis. Ça me tue de les voir aussi heureux ensemble. Ils sont tout le temps fourrés l’un chez l’autre. Ils parlent de mariage, de voyage de tout ce que je voulais avoir avec lui mais que je n’aurai jamais. Je pouvais voir qu’entre eux c’était l’amour, le vrai mais qu’en était-il de moi? Ce que je ressentais compte pour du beurre? Aujourd’hui son copain m’a dit en souriant qu’il a toujours su que je couchais avec son mec, qu’il sait à quel point ça peut être addictif, qu’il est quelqu’un d’éduquer donc il ne fera pas de scène mais que cette lueur dans mon regard devait disparaître. Je ne sais vraiment pas quoi faire, sa présence me fait du bien mais en même temps elle me tue. N’est-ce pas ce genre de relation que l’on qualifie de toxique? Est ce que maintenant que j’ai repris les études et que je travaillais sur moi j’avais pas plus de chances? N’y aurait il pas un moyen qu’il se sépare définitivement de son copain? Devrais-je vraiment essayé de me mettre en eux?

Perdu

Vous savez bien que je n’ai aucune envie d’être là. Mais je ne sais pas pourquoi je suis venu, surtout qu’avec la situation du pays, les rues ne sont pas sûres. Je pense que je préfère être la qu’être seul chez moi. Quand je suis chez moi, je pense trop, quand je suis avec vous, je parle trop. Je sais que votre boulot consiste à m’écouter mais pour combien de temps encore? On me disait sans arrêt que le psychologue est censé m’aider à aller mieux mais plus je vous parle, plus je découvre des souvenirs que j’aurais préféré oublier. Résultat, je souffre beaucoup plus maintenant qu’avant, pourtant je suis là.

– Tu es sur que tu ne sais pas pourquoi tu es ici?

Ma femme me l’a exigé. Disons plutôt qu’elle et moi avons un arrangement, chaque séance passe avec vous, c’est une séance passée avec mon fils. Mon propre fils. Elle me dit que je dois me faire aider que je ne sais pas comment aimer. Si je ne m’aime pas, je ne pourrai pas aimer mon fils comme il se doit. La seule raison pour laquelle je suis encore là, encore de ce monde, c’est mon fils. J’ai aimé ma femme plus que tout au monde mais vous m’avez aidé à comprendre que j’avais plus de raisons de l’aimer lui.

– Pourquoi d’après toi pense-t-elle que tu ne t’aimes pas?

Je l’ai trop aimée, elle m’a dit que je l’etouffais. Elle m’a dit qu’elle ne sera jamais ma mère ni mon père, que si mes parents ont échoué, ce n’est pas de sa faute. Alors que moi je n’ai fait que l’aimer, plus je l’aimais, plus ça avait l’air de l’exaspérer plus je voulais trouver la bonne façon de l’aimer. Elle est tombée enceinte, non? Je me courbais à la moindre de ses désirs. En plus de mon travail, je lavais, je repassais, je nettoyais. Bien sûr, il y avait la dame qui venait pour les faire mais je voulais m’assurer que ma femme, elle soit heureuse. Le plus souvent je cuisinais et je ne l’ai jamais laissé faire la moindre petite tâche ménagère. Même ses vêtements quand elle sortait, je les lui choisissais, je faisais son sac. J’ai même été jusqu’à apprendre à coiffer et à maquiller pour elle. Tout cela pour me dire que je l’etouffais.

Sortir avec toi, c’est t’étouffer? D’ailleurs nous sommes mariés, c’est parce que l’on s’aime, non? Vouloir être avec toi tout le temps ne devrait pas te déranger et si tu m’aimes, tu ne vas pas avoir des sorties avec tes amis dans lesquelles je ne peux pas participer. Alors que je me suis courbé a toutes ses exigences. Il semblerait que ça ne fasse pas de moi un homme. Elle n’a jamais su ce qu’elle voulait, elle voulait du piment dans notre vie sexuelle. Plus j’essayais d’être imaginatif plus elle en redemandait. On invitait des femmes dans notre lit, des hommes, ça ne lui suffisait pas. Exhibitionnisme, échangisme, sadomasochisme, nous avons presque tout essayé, alors que moi a la base, être avec elle me suffit mais je voulais qu’elle soit heureuse. Aujourd’hui je ne suis à ses yeux qu’un pervers sans retenu. La seule chose qu’elle voulait que je fasse mais que je ne pouvais pas faire c’est d’arrêter de parler à ma mère et à mon frère.

– Elle t’a demandé d’arrêter de leur parler ou de limiter tes rapports avec eux? Et si tu me parlais de ses rapports?

J’aime ma famille, je n’ai qu’eux, même s’ils ne m’ont jamais aimé je les comprends. Mon défunt père et ma mère ont toujours préféré mon petit frère à moi. Je ne les ressemble sous aucun aspect. Ma mère me disait souvent que l’on a du m’échanger à l’hôpital. Mes parents me battaient pour un rien. Après toutes ces années, j’ai encore des cicatrices suite aux coups de fouet qu’ils me donnaient. Si mon petit frère faisait une bêtise, ils me battaient car j’étais l’aîné, donc censé donner le bon exemple. Je me suis battu avec lui une fois, ils lui ont donné un fouet et ils ont exigé qu’il me batte. Je n’ai jamais eu d’argent de poche pour aller à l’école alors que lui en avait toujours. Je travaillais deux fois plus dur que lui mais il avait toujours de meilleures notes que moi. Les miennes n’étaient pas mauvaises, elles étaient même bonnes mais c’était un autre prétexte pour me rappeler à quel point j’étais nul.

Ma femme me disait qu’il me fallait avoir le moins de contact avec eux que possible parce qu’entretenir une relation avec eux ne pouvait être qu’une relation toxique mais moi je veux arranger les choses. Je veux qu’ils me voient enfin pour qui je suis et non pas pour qui ils aimeraient que je sois. Quand j’ai annoncé à ma mère que l’on se quittait, elle m’a dit que cette fille n’avait pas toute sa tête si elle a pu épouser quelqu’un comme moi et avoir un enfant de lui. Elle a dit que la fille a enfin reprit ses esprits, mieux vaut tard que jamais. Je ne sais pas ce que j’ai fait de mal, pourquoi ne peuvent-ils pas m’aimer comme moi je les aime? Pourquoi ne peuvent-ils pas me donner une chance? Personne ne m’aime, la seule personne qui m’aimait a fini par se lasser de moi. Je suis une serviette jetable que l’on utilise et que l’on jette.

– Pourquoi penses tu que l’amour ou l’approbation des autres est si important pour toi? Tu n’as jamais essayé de te dire qu’après toutes ses années ce genre d’événement ne devrait pas avoir d’incidence sur ta vie de maintenant? Tu fais quoi sur ton temps libre? Tu as quoi comme passe-temps?

Je ne sais pas trop. Quand je vivais avec ma famille, je n’avais pas de passe-temps, j’avais toujours du travail à faire. Quand j’ai commencé à vivre seul, je n’en avais pas non plus, j’allais chez ma mère quand je n’avais rien à faire pour aider dans les travaux à la maison. Avec ma femme, on regardait des films, on lisait des livres, on allait en boîte. On faisait tout plein d’activité mais depuis notre rupture je ne fais rien. Quand je ne suis pas au travail, je suis couché ou assis et je pense. Je regarde parfois les films que je regardais avec ma femme ou je lis les livres que je lisais avec elle. J’ai essayé d’aller en boîte mais tout seul c’est pas exactement la même chose.

– Ou en êtes vous avec le divorce? Tu ne penses pas qu’il serait temps de commencer à voir d’autres personnes?

Non, je ne suis pas prêt. Le divorce est prononcé, je sais mais je n’ai aucune envie de prendre une autre pour femme. Je me considère comme un veuf et je veux rester seul pour le restant de mes jours. Il n’y a rien en ce monde qui puisse se briser comme un cœur. Dernièrement une fille m’a abordé dans la rue, elle m’a rappelé ma femme des années plus tôt et je lui ai souri. Elle m’a accompagné chez moi et nous avons bien failli passer à l’acte pour ne pas dire que l’acte était entamé mais je me suis senti coupable. Je trahissais ma femme, alors je lui ai demandé d’arrêter et de partir. Je vais suivre toutes mes séances et je vais aller mieux. Je sais que ma femme me reprendra et qu’on se mariera encore il suffit que j’aille mieux. D’ailleurs vous ne m’avez pas encore dit ce qui n’allait pas. Qu’est ce qui cloche chez moi?

Espace de confinement

Ceci n’est ni un appel à l’aide, ni une lettre de suicide ou quoi que ce soit ayant rapport avec cela. Maintenant que c’est clair, je vais continuer. Je dois aussi préciser que je t’envoie ce message plus pour m’exprimer que pour chercher de l’aide. Je sais que vous êtes psychologue mais vos conseils, je pense pas qu’ils puissent m’être encore utile.

Cela va faire bientôt 5 jours que je n’ai pas mangé, je bois, je fume, je dors. Je ressens la faim, je ressens la faiblesse mais je n’arrive pas à m’imaginer une cuillère dans la bouche. Je me hais d’être aussi faible, moi qui me suis promis d’être forte. Je n’arrive pas à croire que je sois réduite à ça, à ce regard de pitié de mes amis qui tour à tour viennent soit me supplier, soit m’ordonner de manger. J’ai honte de cette situation, j’ai vraiment honte mais en même temps, je me dis que la douleur de mon estomac finira par surpasser celui qui se trouve à l’endroit où aurait dû se trouver mon cœur. J’ai vu les dernières miettes de ce cœur emporter par le vent et je sais que plus jamais je ne pourrais les retrouver.

Je pense devoir vous parler un peu de mon passé, de mes sacrifices, des souffrances que j’ai enduré pour finalement devenir celle que je suis aujourd’hui. Ou du moins celle que je pensais être. Je pense pas nécessaire de parler de mes parents, je risquerais de me perdre. Ce sont des personnes très religieuses, limitées par la religion qui à leur manière essaie de m’aimer tant bien que mal. Ils m’ont assurer une bonne éducation ou du moins la meilleure que leurs moyens leur permettaient de me donner. Ils étaient très déçus quand à l’adolescence, je m’étais ouverte aux hommes autant que je m’ouvrais aux études. Je ne voyais pourquoi pas je ne Hi pouvais pas coucher avec autant d’hommes qu’il me plaisait si les hommes en faisaient autant. Mais bref, j’ai fait une rencontre qui a changé ma vie à jamais.

Il y a une fille sur mon Instagram qui m’inspirait, elle était à peine plus vieille que moi mais elle travaillait déjà et avait une vie sociale active en même temps. On a commencé à se parler, un soir où je m’ennuyais et c’est deven de plus en plus intense. Je savais que les filles pouvaient coucher avec les filles, ce qui ne m’avait jamais vraiment tenté avant mais je ne savais pas qu’une fille pouvait être attirer par une autre. Plus je lui parlais, plus je voulais lui parler, j’étais confuse, j’avais peur mais lui parler me faisait du bien. Le plus loin que ça soit jamais allé c’était les je t’aime mais rien de plus. Je fis un groupe Whatsapp avec mes meilleurs amies et je tentai d’expliquer que je me sentais attirer par une fille. Après quelques questions, elles me dirent qu’elles comprenaient. Cet après midi la, je m’étais endormi et je fus réveillée par la brûlure d’une ceinture sur ma peau, mon père et ma mère me rouaient de coup, je pleurais, je questionnais mais ils me traitaient de lesbienne, de dévergondée, de déception. Et dans ce qu’il me disait, j’ai compris que mes amies avaient prises des captures d’écran qu’elles avaient publié sur Facebook en me traitant de tous les noms. Je m’enfuyais de chez moi. Je me rendis directement chez ma copine, elle vivait seule. Nous fîmes l’amour, c’était ma première fois avec une femme. Et le lendemain matin, je m’étais jamais sentie aussi brisée. Trahie par mes amies, souillée par ce que je venais de faire. Je lui demandai de ne plus jamais chercher à me revoir.

2 mois se sont passés, je m’étais excusé auprès de ma famille et de mes amis et j’avais un petit ami qui m’aimait beaucoup et que j’aimais tant bien que mal. Je dois vous dire que c’est à ce moment précis que je me suis rendu compte que j’ai toujours été attirée par les filles, je ne pouvais tout simplement pas me l’expliquer avant. J’avais peur de ne plus être attirer par les hommes mais non, j’étais toujours attiré par les hommes. Un soir j’étais sorti avec mon petit ami et je l’ai croisée, plus belle que jamais et à son bras l’une de mes anciennes copines, ce fut la deuxième fois que mon cœur se brisa. Je rompis le soir même avec mon copain, je l’écrivis. Et quelques jours après, on reprenait. J’affrontai mes parents, c’était un peu dur mais le pire était derrière moi.

1 an après, j’apprenais qu’elle etait en couple depuis 4 ans avec un garçon. Je me recevais une bombe atomique en plein cœur. Elle ne voulait pas comprendre que je ne pouvais pas accepter la concurrence que ce soir d’un homme ou d’une femme. Elle fit son choix et je me retrouvai seule avec la seule certitude qu’elle était mon âme sœur. Je ne vais pas dire qu’elle rompit a cause de moi, elle rompit parce que sa relation ne fonctionnait plus. On a essayé plus en douceur cette fois, on a expérimenté de micro ruptures, on s’est infligé des blessures mais bon, je pouvais presque dire que l’on avait réussi. Il y avait de l’amour dans l’air.

Qu’est-ce que l’amour? L’amour c’est ce qui nous fait pleurer à notre naissance. C’est le sentiment qui nous fait nous ressentir bien, c’est l’attraction que l’on ressent envers quelqu’un. Je ne pense pas que l’amour se résume aux actions comme beaucoup peuvent bien vouloir le faire croire. L’amour est là et elle choisit la personne avec laquelle elle veut s’épanouir, maintenant c’est nos actions qui vont servir à montrer cet amour, nos sacrifices qui pousseront l’amour de l’autre personne à nous faire confiance et à se mélanger pour donner quelque chose de pur, de beau et d’indestructible. On peut toujours choisir de ne pas nourrir cet amour pour une raison ou une autre, on peut être décider à ne faire aucun sacrifice, aucun action pour encourager la personne à nous donner son amour, à nous confier son cœur. Et cet amour la fanera et tôt ou tard, il disparaîtra.

4 ans après notre rencontre, on se disait que l’on était ensemble pour le meilleur et pour le pire. 4 ans après une de mes amies censées m’être loyale envoie un de ses sexfriends parler à ma copine à moi. Je fais confiance à ma copine mais je n’ai aucune confiance en ce type et je lui ai dit. Je pensais qu’elle ferait comme moi je l’aurais fait en cet occasion, qu’elle arrêterait tout bonnement de lui parler. Elle me dit qu’il sait que je ne suis pas intéressée, je lui ai dit, il est éduqué et il ait plaisant, tu dois te faire à l’idée que je n’ai aucune intention d’arrêter de lui parler. Pour le meilleur et pour le pire on disait, mais le pire doit venir de l’extérieur, pas de l’intérieur de la relation. Je sus instantanément que je devais arrêter de la voir, on a vécu beaucoup de choses ensemble, je l’aimerai peut-être jusqu’à ma mort mais si je ne peux pas être ta priorité, si n’importe quel nouveau venu peut prendre plus d’importance que moi a ses yeux, elle n’en vaut pas la peine. Elle ne mérite pas tout cet amour que j’ai a l’intérieur de moi.

Voilà pourquoi je ne mange pas. Je me sens brisée, trahit. J’ai poursuivi quelqu’un qui m’aime mais qui n’est pas prête à fournir l’effort nécessaire pour nourrir cet amour. Je sais que tôt ou tard je vais me relever mais je ne me sens pas encore prête. Je dois revoir tous mes plans, vous ne savez pas ce que cela va me coûter en énergie et en douleur. Je vais vous bloquer. J’ai aimé partager cette page de ma vie avec vous mais je suis enfermée dans un coin sombre de mon cerveau, je suis enfermée dans un placard d’où je ne veux pas sortir. Je vous recontacterai, je vous le promets mais pour le moment, laissez-moi seule, confinée à mon placard.

Conte de fée

Et ils vécurent heureux. Je ne voyais pas pourquoi je pensais à cette phrase. Une phrase que je trouvais stupide. Qu’est-ce que le bonheur? Quand est-ce qu’on est heureux pour toujours? Quand on a l’amour ou l’argent? On dit que certaines personnes arrivent à concilier les deux mais personnellement, je n’ai jamais rencontré personne qui ait réussi ce tour de force.

La vie ne m’a jamais été facile, ça fait longtemps que je fais en sorte de ne plus dormir en ayant faim, de dormir en me demandant si demain je pourrai manger à ma faim. Je me souviens pas de mon père a ce qu’il paraît je lui ressemble beaucoup. Ma mère parle de lui comme du coureur de jupons le plus abjecte que la terre n’ait jamais connu mais ma grand mère me dit qu’il était un grand homme et que je lui ressemble.

Je me souviens que j’ai toujours vécu avec grand-mère, mais pendant 2 ou 3 ans, il paraît que j’étais avec ma mère qui ne se souciait pas de moi. Ma grand-mère me dit qu’elle me laissait chez des voisines pour aller s’occuper d’activités pas très honnêtes que je n’ai pas besoin de citer. On me dit que mon père a une bonne dizaine d’enfants mais ma grand-mère a toujours nié cette information, ma mère me dit que dans un premier temps j’étais moi aussi rejetée par ma grand-mère mais que la ressemblance était tellement frappante qu’on m’arracha à elle. Elle dit arracher mais après avoir rejoins ma grand mère, je la revis à 16 ans et c’est moi qui ai cherché à la voir. Elle n’avait pas l’air très contente de me voir et encore aujourd’hui je ne la vois que quand elle a besoin d’argent.

Mon père n’était jamais là et jusqu’à sa mort dans un accident de la route c’est lui qui faisait parvenir de l’argent à ma grand-mère et à moi. A l’époque on avait dit à ma grand-mère qu’elle allait avoir beaucoup d’argent parce que ce genre d’incident en général aux USA rapporte, on a jamais vu le moindre centimes. Et depuis sa mort, on vivait pratiquement des transferts que les amis et familles nous faisaient qui arrivait trop souvent en retard. Ma grand-mère a été obligée de s’improviser couturière et je dois avouer qu’elle n’était pas très douée.

J’allais cherché la toile chez un distributeur pour elle en ville, un ami de longue date qui venait parfois la voir les dimanches et c’est ainsi que je me suis fait violer à 12 ans. Je ne vois toujours pas ce qui a pu l’inciter à me faire une chose pareille, je me dis que peut être sans cet incident survenu 15 ans plus tôt ma vie aurait pu prendre une toute autre tournure. En tout cas, il me donna de l’argent ce jour là, plus d’argent que je n’avais jamais eu. Il me dit que si j’en voulais plus je ne devrais rien dire à ma grand-mère. C’est ainsi qu’à 12 ans je suis devenu à la fois sa maîtresse et un maître chanteur.

Je me souviens de mes 15 ans, j’avais fait une grande fête à la maison. Ma grand-mère a une confiance aveugle en moi, du coup quand je lui ai dit que c’était mes amies qui avait cotisé pour la fête, elle ne s’est pas posée plus de question. C’était le jour où mon défunt violeur m’avait dit qu’il était en train de faire faillite et que sa femme posait des questions. Je lui faisais faire de plus en plus de dépenses et j’avais eu le temps de mettre de côté une belle petite somme. Je lui promis de faire une scène et d’aller dire à sa femme que nous avions une liaison. Il commit l’erreur de me giffler et je fis le scandale promis.

Je n’ai pas regretté à un seul instant d’avoir menti à ma grand-mère, à l’avocat et au juge. Ce vieux fou a été assez stupide pour tomber amoureux, il en est mort. Sa famille a dépensé beaucoup d’argent pour lui éviter la prison et pour éviter que l’affaire s’ébruite. Je me suis mis en couple avec le juge après l’affaire. Et depuis ce jour, j’ai été l’une des filles les plus admirées de la ville, j’étais VIP à toutes les programmes ou autres festivités qui se faisait dans le pays. J’ai toujours pris soin de ma grand-mère et si elle se doute du mode vie que je mène, elle n’y a jamais fait allusion.

Je suis sorti avec sénateur, député, ministre, haut fonctionnaires de l’état, diaspora, des personnes influentes du secteur privé. Au début je me disais que une fois mes études terminées et que j’ai un bon travail, j’allais arrêté de mener cette vie là mais bien qu’étant a l’université, je réussissais rarement les sessions, je préférais aller montrer mes belles tenues dans les programmes qu’il y ait examen ou non. Je faisais la compétition aux autres filles que j’appelle mes amis et qui elles ont la chance d’avoir des parents qui leur fournissent de l’argent.

Je me dit aussi que je suis pas si mal, je peux voyager presque quand je veux et j’ai un voyage prévu en Europe dans 2 mois. J’ai une voiture et de solides économies. Cela fait deux ans que je sors avec quelqu’un qui même s’il a dans les 25 ans de plus que moi peut m’apporter ce qu’il me faut comme stabilité financière, stabilité sociale et étant un homme de couleur mes futures enfants commenceront leurs vies avec beaucoup plus d’avantages et de chances que moi. Je suis vraiment pas si mal que ça et j’aurais pu être très bien si l’amour n’était pas venu comme un camion me heurter.

Il était beau, il était noir, il était intelligent. Il était en cours avec moi et dans l’équipe de basket de l’université. On a commencé à se parler quand on a eu a faire un exposé ensemble, Jimmy était le premier homme que je rencontrais qui ne voulait pas me draguer. Je lui ai demandé son aide pour le cours, il me l’a donné de tout cœur. Il était un véritable énigme, je n’avais jamais rencontré un homme comme lui, et je fis la seule chose que je ne m’étais jamais autorisée à faire avant, je tombai amoureuse de lui. Lui qui ne pouvait rien m’offrir sur le plan économique. Je lui mentis beaucoup parce que je ne voulais pas qu’il découvre le genre de vie que je mène, il était un enfant quoique plus vieux et ce fut littéralement facile de lui mentir mais maintenant je me demande comment je pourrais jamais le regarder dans les yeux.

Je n’ai jamais autant souffert que le jour où j’ai été obligé de l’appeler pour lui dire que lui et moi c’est fini, que c’était un jeu et de ne plus jamais chercher à me revoir. Je sais que j’avais le choix mais je ne pouvais pas choisir l’incertitude. J’avais un rendez vous avec Jimmy quand Maxene vint me chercher sans m’avertir.

– Quelle agréable surprise! Je ne m’attendais pas à te voir.

– Habillée comme ça? Tu en es sûre?

– J’allais rejoindre les filles, tu voulais quelque chose?

– Sortir avec ma copine.

– Laisse moi appeler les filles pour leur dire.

– Non, c’est pas nécessaire. Tu te rachèteras. Monte dans la voiture.

Il ne cesse de parler pendant tour le trajet et après 2 ans de relation, je savais que si j’utilisais mon téléphone, j’allais le mettre en colère. Nous avons tout de même passer un excellent moment une fois arrivée. Mon téléphone sonnait au début mais il m’obligea à le fermer. A la fin du dîner, il me dit que l’on allait en Europe dans 2 mois.

– Bébé, l’Europe. A quel occasion?

– Tu ne m’as pas l’air emballé a cet idée, je croyais pourtant que c’était ton rêve.

– Non, c’est juste que l’on avait pas planifié de voyage et 2 mois c’est dans pas longtemps.

– Qui est Jimmy?

J’avais eu le souffle coupé par la question, je ne laissais rien paraître et je lui dis calmement que c’était un de mes camarades a l’université. Il me montra une photo de Jimmy et moi qui étions en train de nous embrasser.

– Je me suis intéressé à ce garçon mais il a mal interprété mon intérêt et m’a embrassé.

– Et tu continues à le voir malgré tout.

– Tu as raison, je l’appelle pour le lui dire. Cette mascarade aurait dû s’arrêter Depuis longtemps.

-…

– Allo Jimmy, je veux que tu oublies mon numéro. Tout cela pour moi n’était qu’un jeu, je suis une femme prise et je suis désolée que tu m’aies prise au sérieux. Ta compagnie m’était distrayante mais tout jeu a une fin.

– Je suis rassuré et pour te récompenser a notre retour d’Europe, je t’epouserai. En 2 ans, tu as été exemplaire si on oublie cet incident. On choisira la bague en Europe.

J’étais sans mot et je me mis à pleurer. Il prit mes larmes pour des larmes de joies mais je savais au fond de moi que je pleurais la perte de Jimmy. Une fois devant chez moi, il m’acheva avec une dernière phrase.

– Le médecin m’a appelé. Il paraît que tu es enceinte, tu n’es donc pas malade. Dire qu’après 1 an d’essai on va enfin avoir un enfant. J’avais peur de mourir sans enfant mais maintenant je suis rassuré. Je passe te chercher demain matin pour aller voir le médecin.

J’étais abasourdie, je ne voulais surtout pas tomber enceinte. Surtout qu’il y avait des chances pour que l’enfant soit de Jimmy. Maxene avait la cinquantaine passée et voulait des enfants au plus vite mais si l’enfant n’est pas de lui c’est sur qu’il me détestera et je pourrais dire adieu à toutes mes avantages. Pourrais-je me refaire après lui? Il a le bras long et la rancune plutot tenace. En même temps, Jimmy est très noir et lui bien que métissé est plus près du blanc que du noir, donc il n’y a aucun moyen pour que l’enfant de Jimmy puisse passer pour le sien. Je n’ai coucher qu’une fois sans préservatif avec Jimmy alors que je le fais depuis 1 ans avec Maxene. C’est censé pencher la balance du côté de Maxene, non? Je venais de perdre Jimmy et je risque de perdre Maxene.

Il ne le montre peut-être pas mais je sais que Maxene est heureux. Il s’imagine déjà finir sa vie entouré de beaucoup d’enfants. Comme les contes de fées le disent si bien: « ét ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». Je pense à Maxene, puis à Jimmy et je me répète: « Ils vécurent heureux ».

Vertu

Cela faisait des heures que je marchais, ou du moins c’est l’impression que j’avais. Le soleil me rappelait bizarrement l’esclavage, je me sentais comme un esclave dont le soleil était le commandeur et me fouetait sans merci. Je n’en pouvais plus, j’avais faim, j’avais soif et je n’avais pas un sou. Mon ami était censé me donner une roue libre mais il a pris une panne sur la route de canapé vert. Je ne pouvais attendre car j’avais un rendez vous important.

J’avais pourtant fait de mon mieux pour lui paraître sous mon meilleur jour. Mais hélas, il est difficile d’être digne quand on a faim, soif et pas le sou. Mon père aurait eu le coeur brisé s’il savait que je n’avais rien mangé depuis hier et que j’étais a Juvenat et que j’essayais de me rendre à un hôtel de Petionville a pied. Si seulement il n’était pas midi, j’aurais un peu moins chaud, un peu moins soif.

Je porte ma plus belle chemise que j’ai pris en rendant visite à un ami, il venait de l’acheter pour 30 dollars US, somme qui aurait pu me nourrir pendant plusieurs jours mais c’est pas une somme qui m’était facilement accessible. La chemise était trop petite pour mon ami et il me l’a offerte, je me suis empressé de l’accepter. Et voilà que la chemise était trempée de sueurs. Le pantalon est le plus beau que j’avais et on ne pouvait même plus distinguer sa couleur sous les couches de poussière que je prenais sur le chemin.

Je m’arrête un instant pour reprendre mon souffle, il est presque 12hr30, j’ai rendez vous à 1hr donc je dois me dépêcher. Je n’ai plus les idées en place, mon esprit vagabonde de sujet en sujet. Je me mets à penser à mon arrivé à Port-au-Prince 5 ans de cela, rempli de rêve et d’illusion que la vie a vite fait de balayer. Je pense à la chambrette ou j’habite aux environs du canapé vert, tout juste assez grand pour le petit lit que je me suis acheté après 2 ans d’économie. Je pense à mon petit frère qui dans quelques mois me rejoindra a Port-au-Prince pour ses études. Je ne lui ai jamais demandé de venir me voir, je ne pourrais supporter la pitié dans leur yeux.

Je pense aussi à un de mes anciens camarades de classe pas nécessairement plus brillant que moi mais à qui les parents tant bien que mal paient une université privée. Il n’est peut-être pas celui avec le plus d’argent de la promotion, ni celui qui a eu les plus bonnes opportunités mais il est celui qui fait le plus envie sur les réseaux sociaux, il s’est rapidement fait une vie sociale à Port-au-Prince. Il se fait photographier a des soirées, il traîne avec pleins de gens que je rêve de rencontrer. Mais j’essaie de ne pas trop y penser, on n’est pas tous né avec la même chance.

J’arrive enfin à Petionville, j’aimerais beaucoup avoir eu les moyens de me payer une moto. Je ne pense pas que je sois assez présentable pour rencontrer monsieur Grégoire mais ai-je le choix? Je suis bénévole à la plupart des activités culturels qui se font dans la ville. Monsieur Grégoire est le plus souvent un des sponsors de ses activités, il s’est toujours montré intéressé par moi. Il m’a plusieurs fois emmené manger à des restaurants plutôt chic après des activités où j’avais l’air d’avoir trop faim. Au début, je refusais mais parfois quand il ne m’invitait pas, jetais déçu.

Je suis devant l’hôtel, je rentre, les employés me regardent un peu bizarrement. Je m’assied et j’écris à monsieur Grégoire. Il vient me trouver pour me demander si ça va, je lui dis oui. Il me dit qu’il en est pas si sûr. Il m’invite au restaurant de l’hôtel. Il me regarde avec cet air qui m’a toujours dérangé, il a le même regard que le chat qui guette la souris et quand je baisse les yeux gênés il sourit de ce sourire carnassier qui m’a toujours dérangé.

– Ton appel m’a surpris Michel, je m’attendais pas à ce que tu me demandes de te trouver un job.
– Je pense que vous êtes quelqu’un de généreux et je n’ai personne d’autres vers qui me tourné.

Silence. Je n’ai jamais été aussi gêné de toute ma vie. Il y’a mon cœur qui bat comme s’il allait s’arrêter

– Si ce n’est pas suffisant, tu peux commander à nouveau.
– Non, ça ira. Merci beaucoup.

J’ai pourtant essayé de me retenir mais je viens de me rendre compte que je mangeais trop vite, tellement vite que je sens un début de migraine.

– J’ai renvoyé mon secrétaire personnel ce matin, je pense t’engager à sa place. Ça te dit?

– Euh, oui. Ce sera un véritable honneur pour moi, monsieur Grégoire.

– Tu sais que l’on a que 15 ans de différence? Mais bon, je vais te décrire ton Job. Tu sais que j’ai une chambre ici où je passe la plupart de mon temps quand je suis en Haïti?

– Oui, ça je l’ai deviné tout seul.

– Bien, tu enverrais mes mails, tu t’occuperas de mes affaires personnels et tu auras a dormir dans ma chambre parfois. Des demain soir tu m’accompagneras à toutes mes sorties officielles et officieuses. Tu auras 500 dollars US par moi et parfois des primes quand il y a des activités importantes que tu dois organiser. Tout est clair?

– Oui.

– Pas de question donc très bien. Que dirais tu d’aller prendre un bain dans ma chambre ensuite je t’emmène acheté quelques vêtements. Mon secrétaire personnel ne pourra pas s’habiller n’importe comment.

Sur ce il se déplace et je le suis, mon cœur bat comme jamais, j’ai peur et je ne sais pas trop de quoi. Dans l’ascenseur je me pose des tonnes de questions sur ce que va vraiment impliquer ce travail.

– Tu rentres ou tu ne rentres pas?

Je suis devant la chambre, il me regarde avec des yeux de prédateurs comme dans les dessins animés, je tremble comme la première fois où j’ai été pris entre la police et une manifestation. Je réfléchis rapidement et tout ce que à quoi je suis passé depuis mon arrivé à Port au Prince et à mon petit frère qui vient dans quelques mois, a ce parcours a pied de Canapevert a Petionville tremper de sueur et de poussière. Je prends mon courage à deux mains et je rentre dans la chambre…

Et je pense…

Je me suis réveillé ce matin affamé. Ceux qui me connaissent savent que je suis souvent affamé mais ce matin, c’était différent. Différent pourquoi?Le plus souvent, ma faim s’accompagne du fait que je sois de mauvaise humeur ou d’humeur égale, genre que je suis moi, sans rien de plus ou de moins. Mais ce matin, je me suis réveillé heureux et je ne peux pointer du doigt la raison pour laquelle je le suis.J’ai passé une plutôt mauvaise journée hier. Je me suis énervé plusieurs fois et c’était pour rien. J’ai marché une longue distance a pied pour calmer mes nerfs. Et ensuite je suis sorti avec un ami et c’est la que ça a commencé à changer.Des fois on s’éloigne de ses amis sans trop savoir pourquoi on le fait ou comment c’est arrivé et dans ces moments, il est toujours agréable de ce souvenir du pourquoi on était ami en premier lieu. Et je souhaiterais que mes amis et moi ayons toujours la chance de sortir ensemble. Ça resserre les liens de l’amitié et les amis c’est une deuxième famille. Ensuite j’ai eu un date. Et mon dernier date remontait à 2 ou 3 semaines mais ça a éveillé tellement de sentiments chez moi. Le genre de date où je me rends compte que j’ai vraiment un date avec une personne autre que les personnes habituelles et je ne suis absolument pas amoureux. Ça m’a permis de me rendre compte qu’un date n’est pas obligatoirement basé sur l’amour, il y a plein d’autres sentiments ou de l’intérêt, de l’appréciation.J’ai eu un bon moment jusqu’à ce qu’un type s’invite à notre table et ramène son pote et nous empêche de parler pendant 2 à 3hrs. Ensuite un ami que j’avais pas vu depuis des siècles est venu dormir chez moi, parce qu’il n’avait pas d’électricité. Ma meilleure amie était là et j’ai passé près d’une heure à leur parler jusqu’à ce que je m’endorme et que je les laisse en pleine discussion.La maintenant je me rends compte qu’il en faut tellement peu pour être heureux que parfois on se donne du soucis pour rien. Genre on est triste par ce que l’on est amoureux, c’est vrai que l’amour ça peut faire souffrir mais ça ne devrait en aucun cas nous enlever notre joie de vivre et notre bonne humeur, surtout quand la personne n’a aucun problème côté bonne humeur et joie de vivre. Je pense que du moment qu’on est sur que la personne sait que nous sommes amoureux d’elle, on a pas de mal à se donner pour quoi que ce soit.C’est vrai que parfois on se sent mal quand la personne nous dit qu’elle nous aime et qu’elle pense qu’elle nous aime mais que ses actions sont contraires à l’amour qu’elle peut nous porter. Peut être qu’elle pense pouvoir définir l’amour après avoir vécu un semblant d’amour pendant des années.Pour moi, il n’y a qu’un seul amour, il y a Peut être différent moyen de le démontrer mais tous découlent d’une seule notion: la personne que l’on aime est notre propriété. Si vous aimez quelqu’un et que ce quelqu’un doit vous supplier pour que vous vous voyez, il est Peut être temps que vous fassiez une petite introspection. Si vous tenez à quelqu’un, il n’aura pas a vous demander de passer du temps avec lui, il est votre priorité.Si vous apprenez que l’être aimer va devoir déménager pour aller vivre dans une autre ville, il n’est pas obligatoirement possible que vous la suiviez. Mais la preuve d’amour, la preuve que vous tenez à cette personne serait d’essayer de passer le max de temps avec elle. Plus la date s’approche, plus vous voudrez passer du temps avec lui.L’amour ne cherche pas à choquer l’autre, à le blesser ou à lui faire faire des crises de jalousie. L’amour est taquin mais en même temps, on cherche le bien être de l’autre en même temps que le sien. Et la personne est notre priorité.J’ai aussi fini par conclure que l’on ne devrait pas courir après l’amour, on devrait juste savoir la saisir et la garder quand elle se présente à nous. D’ailleurs, si on a l’amour se sa famille et de ses amis, à chaque fois que ça n’irait pas de l’autre côté, il suffit de faire une action qui nous permette de voir que même si je ne suis pas aimé par un tel, ces autres personnes la m’aiment.Je passe une très bonne journée, j’espère que vous aussi….