Le respect de la parole donnée. Si il y a un concept que j’ai toujours maîtrisé, c’est celui là. Je me rappelle que le psychologue me disait qu’il ne fallait pas que je confonde vengeance et respect de la parole donnée. Bien sûr que je ne l’ai jamais fait, des fois ils se prennent pour des dieux ces psychologues. Soit dit en passant, je m’appelle Jennifer et je suis psychologue.
Je suis rentrée au pays après 20 ans d’absence et je passe pour une étrangère. Je dois dire que cela ne me dérange en rien et je ne dis jamais que je suis née ici. Je fais des aller retour entre les USA et le pays qui m’a vu naître dans le cadre de mon travail. Je suis avec une ONG qui se spécialise dans l’accompagnement psychologique. Je fais des formations pour des psychologues et j’accompagne personnellement certaines personnes.
Je m’étais toujours promise que quand je rentrerai personne ne me reconnaîtra et ça marche à la perfection. Je me suis arrêté devant la maison de mon père trois mois de cela. Je m’étais perdue et je voulais demander ma route ainsi qu’un peu d’eau. Il y avait comme une odeur de mort qui y flottait. Une voisine de mon âge lui donnait à manger en l’invectivant, aucun des deux ne se souvenait de moi. Je me doutais bien de l’effort colossal que ça devait coûter à mon père et je leur ai offert mon aide pour l’emmener à l’hôpital. Ils me regardaient comme un ange tombé du ciel, j’étais belle et ils ne pouvaient rien y faire.
Je l’emmène dans un hôpital privé où il se fait hospitaliser, à ce qu’il paraît il est très malade. J’écoute le médecin parler d’une oreille discrète, tout en l’observant.
– Vous n’avez pas de famille?
– Non, je n’ai pas de famille, j’avais un frère qui est mort l’année dernière après un voyage aux États Unis. Ma femme est morte plus de 30 ans de cela.
– Pas d’enfants?
– J’en ai eu un mais malheureusement la mort ne voulait pas que je sois heureux.
Je ne pouvais pas le croire, il m’avait tuée. Donc après m’avoir terroriser pendant 15 ans, battue, humiliée, et foutue à la porte à 23hrs. Il me tuait, j’étais pourtant là en vie et je payais ses frais médicaux. Il me répétait que j’aurais pu être sa fille, qu’il me considère comme telle et qu’il regrette de ne pas être mon géniteur. Cela me faisait pleurer et je l’appelais papa. Il ne comprenait pas que cela me faisait souffrir, toutes ces années à me préparer et voilà que maintenant je pleure. Je n’avais pas pleurer depuis mon arrivée aux États Unis. Il me fallait être forte.
Deux semaines après, j’étais passée le voir. Il avait meilleur mine. Et il était seul.
– Ma fille chérie, je pensais que tu avais oublié ton pauvre père.
– Jamais papa, comment te sens-tu?
– On se maintient, le docteur dit que mon cœur est fragile et que je ne devrais pas lui infliger d’émotion forte. Il m’a même interdit d’assister la coupe du monde.
– J’avais pourtant quelques confidences à te faire papa.
– Parles ma fille, tu peux tout me dire.
– Tu dis tout alors soit. Le 21 janvier prochain, j’aurai 41 ans. Je ne suis pas une américaine même si j’ai l’accent mais je suis née ici, l’hôpital est à 2 pas de chez toi, ma mère s’appelait Maryse. Non, ne parle pas encore. Oui, c’est moi. Je suis ta fille, la fille que tu battais a chaque fois que tu posais les yeux sur elle. Je ne pouvais te parler et quand ma mère voulait me protéger, tu la battais aussi. Elle est morte et je pensais mourir après elle. Tu me disais que jamais je n’accomplirais quelque chose de bien de ma vie. Regarde moi, j’ai l’air d’avoir échouer? Tu m’as mis à la porte en me battant et en hurlant à mort, tu as ameuté tout le quartier et interdit à quiconque de m’heberger. On m’a violée 3 fois cette nuit là et j’étais vierge. Tu me pensais morte? Je suis bien vivante et cette pute que tu as comme voisine ne paie rien pour attendre. Ne me regarde pas comme ça, c’est bien moi. Quand j’ai voulu faire ma chirurgie de féminisation faciale, mon mari de l’époque ne voulait pas. Il m’a dit que j’étais une très belle femme et qu’il n’y avait aucune raison pour que fasse ça. Mais j’ai insisté, je lui ai dit que j’avais l’air d’un homme et que ça me tuait. Mais je l’ai fait justement pour que vous ne me reconnaissez pas.
Je me suis marié à 20 ans avec un type venu dans le pays avec un ONG, voilà comment j’ai laissé le pays. Je n’ai même plus voulu entendre parler français. J’ai appris l’espagnol et je n’ai entendu que l’espagnol et l’anglais pendant 20 ans, d’où mon accent. J’ai fait des études de psychologie, j’ai ma photo sur de grands panneaux publicitaires aux États Unis et ailleurs. Je suis une femme du monde, je me suis déjà mariée 4 fois, j’ai une petite fortune personnelle. J’ai foulé plus de tapis rouge que je ne peux compter. J’ai une page YouTube ou j’ai des milliers d’abonnés. J’ai fait des investissements sûrs un peu partout. Alors papa? Je suis toujours un échec? Je t’ai promis que tu regretterais de m’avoir traité de la sorte, ne le regrettes tu pas? Cette nuit là je t’ai dit qu’un jour je paierais tes frais médicaux et tu en seras mort de honte. Donc meurs maintenant, sachant que ta fille sait garder parole!
Mon père fit un AVC. Les médecins n’arrivèrent pas à le sauver. Après l’enterrement, je devins bonne amie de la voisine. Elle ne se souvenait pas de m’avoir piéger. Elle avait pris une photo de moi avec l’une de ses robes et un maquillage complet puis elle avait montré la photo à mon père qui lui me mit à la porte. Elle avait 5 enfants avec 5 pères différents, ça me soulageait un peu car il fallait que quelqu’un prenne soin d’eux une fois leur mère loin.
Je savais qu’elle était une voleuse donc il me fut facile de la faire tomber pour vol. Voler une respectable américaine venue militer pour la santé mentale? C’est un crime et elle va passer 20 ans au loin à son tour, ironique, non? Je lui avais promis de la faire souffrir et je pense que 20 ans en prison quand on a des enfants, c’est pas facile à vivre.
Il y avait des amies qui m’avait recueillie à plusieurs reprises. Je m’arrangeai pour qu’elles trouvent une grosse et belle maison où habiter. Et là elles allaient pouvoir recueillir des filles comme moi a l’époque. Je leur avais promis beaucoup de choses et peu à peu, j’allais les aider à les obtenir sauf l’une d’entre elles qui était une véritable peste. Je lui ai fait perdre tous ses projets donc pas d’argent pour vivre. Si seulement elles savaient que c’était moi.
En sortant de chez mon père, je ne suis pas directement allé chez elles. J’étais allé chez mon petit ami qui à l’époque était un jeune étudiant. C’était mon premier amour, je l’aimais comme on aime personne sauf qu’il était colérique et me battait quand il était en colére. Je lui ai fait la plus grande promesse a l’époque et j’entends le tenir.
J’ai recommencé à sortir avec lui une semaine après mon retour ici. Il a été marié et à eu des enfants mais vit seul dans une belle et grande maison, ça change du deux pièces ou lui et moi vivions. J’ai pris des cours d’autodéfense pendant des années et je le rencontre aujourd’hui et ça ne me sert à rien. Il a beaucoup changé. Il est gentil calme, je suis revenu depuis moins d’un an et je l’ai déjà quitté 3 fois. Il m’a demandé en mariage et j’ai dit non, je suis pas prête. J’ai couché avec son meilleur ami mais il reste calme et réfléchi dans toutes les situations. J’ai beau essayé de le faire sortir de ses gonds, je n’y arrive pas.
Il vient jamais me voir sans m’apporter un cadeau même quand notre couple rencontre les plus graves problèmes. Il me donne tout ce qu’une femme peut rêver mais je n’arrive pas à oublier les coups et les humiliations. Et ce soir je vais tenir ma promesse.
Un taxi me dépose devant chez Lionel. Il est 1hr du matin. J’ai les clés, je rentre, je prépare du thé, je me sers. Je prends le soin de mettre 50mg de promethazine dans le reste. Je pense en avoir mis assez pour endormir un boeuf. Et je vais jusqu’à sa chambre le réveiller.
– Jennifer, Qu’est ce que tu fais la???
– J’ai à te parler mon amour, viens discuter autour d’un thé.
– Je suis pas fan de thé mais d’accord, dit, tout va bien entre nous?
– Tout va pour le mieux mon chéri.
Je buvais à petite gorgée, il avait presque vider la théière, parce qu’il était stressé et moi je prenais tout mon temps. J’adorais ça, je me sentais en position de force.
– Bébé, s’il te plaît.
– Chut, tu sais, je t’aime. Et j’apprécie que tu sois sincère avec moi. Peu d’hommes m’auraient avoué être bisexuel.
– Donc c’est ma bisexualité le problème? Tu sais que l’orientation sexuelle ne change pas, c’est la pratique sexuelle qui peut changer et je l’ai fait, pour toi, pour t’être fidèle. Tu es psychologue donc je ne t’apprends rien.
– J’ai publié une vidéo sur ma chaîne YouTube qui va faire plus de vue que toutes celles publiées avant. J’étais déjà très populaire mais ça va changer beaucoup de chose, je reçois pleins d’email. Je suis invitée à pas mal d’émission. Je pars demain pour les USA.
– Tu reviens quand?
– Dans un mois, je sais pas trop.
– Qu’en est il de nous?
– Tu ne voudrais pas plutôt savoir le sujet de la vidéo?
– J’ai grave sommeil mais oui, allons-y.
– C’est l’histoire d’une petite fille qui mineure rejoins son copain majeur chez lui. Elle a 15 ans et lui 22 ans.
– Euh, c’est de ça que parle la vidéo?
– Non, mais on y est presque. La fille nettoie, lave, repasse et fait à manger. Mais elle n’a jamais su être apprécier à sa juste valeur. Elle est régulièrement et injustement battue. Cette fille est obligée d’attendre dans l’autre pièce qu’il couche avec d’autres filles et garçons. A chaque fois que la fille le quitte pour passer à autre chose. Il va la chercher pour la ramener dans cet enfer. Mais elle lui a fait une promesse, elle lui a dit qu’elle le tuerait une fois où il l’avait trop battu.
– Tu as mis quelque chose dans mon thé, c’est ça? Je sais que c’est toi, dès la première fois où tu m’as embrassé. J’ai jamais cru que tu irais jusqu’au bout de ta transition mais s’il y a quelqu’un pour réussir sa vie, je sais bien que c’est toi. Je te demande pardon pour tout le mal que je t’ai fait.
– Je vais attendre que tu t’endormes pour t’installer dans la douche. Laisse moi te dire comment tu y meurs. Tu marches sur un savon, ta tête se frappe contre un mur et tu perds connaissance. Tu tombes dans la baignoire et tu t’y noies.
– Je risque de me réveiller quand je me noie.
– Je tiendrai ta tête sous l’eau, ne t’inquiète pas.
– Je sais que tu m’aimes, tu n’as pas à tenir une promesse faite plus de 20 ans de cela. Je t’aime et tu le sais, je n’ai jamais aimé d’autre que toi. Des l’instant où j’ai posé les yeux sur toi, j’ai su que tu étais l’élue. Si je couchais avec pleins de gens, c’était pour toi. Je voyais pleins de personnes pour avoir de l’argent pour m’occuper de toi. Je ne voulais pas que tu arrêtes tes études, tu n’étais qu’en seconde. Mais je n’avais pas les moyens de prendre soin de toi correctement. Voilà pourquoi j’étais parfois violent, j’étais frustré. Je le faisais soit pour te protéger contre toi, soit par jalousie.
– J’ai essayé d’aller de l’avant, j’ai déménagé. Tu es venu me chercher, tu m’as battu devant mes amies. Tu es venu me chercher chez des hommes avec lesquels j’étais en couple.
– Mais tu es revenue à chaque fois, quand tes amies te disaient non, tu pleurais mais tu me suivais. Tes hommes voulaient te garder mais tu me suivais toujours. Tu m’aimais, tu m’aimes maintenant et je sais que jamais tu n’as arrêté de m’aimer.
– Je t’aime, je t’aime mais je ne peux faillir à ma promesse, tu as changé mais tu dois payer le mal que tu m’as fait.
– Je n’ai commencé à revivre que le jour où tu m’as embrassé. Je te demande pardon et pour prouver ma bonne foi, je te propose quelque chose. Au lieu de me noyer pousse moi du haut du toit. Si je survis à la chute, tout est pardonné et on va recommencer.
J’essuie mes larmes et je lui réponds: Non. Tu voulais m’empêcher de vivre. M’empêcher d’être moi-même.
– Non, j’habitais une bidonville. On savait que nous étions un couple, ils nous ont laissé tranquille de par mon éducation et du fait que j’étais universitaire. Tu étais un homme, je pouvais pas te laisser sortir habiller en femme ou maquillé.
– Je n’ai jamais été un homme, j’étais un mâle. Et je t’ai toujours dit que j’étais une femme et tu m’avais acceptée en tant que telle sauf que je ne pouvais pas me mettre en expression de genre. J’ai passé 2 ans à prendre des hormones avant de subir la aïdoïopoïèse. Entre temps j’avais fait la chirurgie de féminisation faciale. Je n’ai pas eu à me faire une augmentation mammaire. J’ai du réapprendre à parler. Tout cela à durer 5 ans, c’était douloureux et éprouvant mais je ne regrette rien, c’est a ce moment là que j’ai commencé à vivre. Maintenant, tais-toi et dors, il est temps de mourir monsieur.
– Tu peux appeler Deslauriers, il est médecin. On se renseignait sur les possibilité existant pour que tu commences ta prise d’hormone. Je sais pas ce que tu m’as donné mais c’est fort, je m’endors. S’il te plaît, pense à ce que je te propose.
Je reste là, assis en face de lui. Je ne sais que faire. Pour la première fois, je me dis que je suis allée trop loin. Le docteur Deslauriers est un ami. Il travaille pour moi, je suis chargé de faire l’évaluation psychologique avant et après transition pour les Trans et lui travaille sur les doses d’hormones à donner. Il m’avait dit que c’est un ami qui voulait aider son copain à transitionner qui a attiser sa curiosité sur le sujet. Donc, il ne me ment pas.
Dois-je continuer avec mon plan? Laisser tomber ou le modifier? Après avoir révéler sur ma chaîne YouTube que je suis transsexuelle, je reçois pleins d’email et d’invitation. Peut être que je devrais partir et ne jamais revenir. Je me tourne vers Dieu. Mon Dieu, si jamais tu existes, dictes moi quoi faire. Devrais je tuer l’homme que j’aime? Repartir à zéro? Ou sortir de sa vie?